lundi 5 juin 2017

Tunistan. Liberté pour les terroristes, Prison pour les artistes

Hasard de calendrier ? Alors que la campagne « où est le pétrole », lancée par les ex de la troïka islamiste, bat toujours son plein en Tunisie, cherchant à déstabiliser le pouvoir, et que le gouvernement essaie de lutter contre la corruption qui gangrène la société, y compris au sein de la chambre des  députés, la « justice scélérate » condamne des non jeuneurs de Ramadan à la prison ferme. La même justice scélérate libère quasi systématiquement les terroristes et les corrompus, au fur et à mesure que les services de sécurité les arrêtent. C’est pour cette raison, que le gouvernement se fie plus à la justice militaire qu’à la Justice scélérate, aux mains de juges islamistes, donc véreux et corrompus.

Dans son discours contre les "lois scélérates" en avril 1894,  Jaurès dit :

" C’est ainsi que vous êtes obligés de recruter dans le crime de quoi surveiller le crime, dans la misère de quoi surveiller la misère et dans l’anarchie de quoi surveiller l’anarchie. "

Un mois de prison pour « outrage public à la pudeur ».

C’est la peine dont ont écopé jeudi dernier quatre Tunisiens dont le délit est… d’avoir mangé dans un jardin public pendant le mois de jeûne du Ramadan.
Le procureur général du tribunal de la ville de Bizerte, Mongi Boularès, a en effet considéré que cette action pouvait être assimilée à un « acte de provocation ».
Les quatre hommes auraient provoqué la fureur des habitants de la ville en se sustentant et fumant en public et la situation aurait nécessité l’intervention des forces de l’ordre.
Cette condamnation intervient alors même que des voix s’élèvent dans la société civile pour que les autorités respectent leur devoir constitutionnel de garantir la liberté de conscience.
Mais c’est bel et bien sur une interprétation de la nouvelle constitution de la Tunisie démocratique, adoptée en 2014 dans le contexte du « Printemps arabe », que se base le verdict des autorités judiciaires de Bizerte. La constitution elle-même est faite au nom de Dieu, comme le précise l’en-tête du préambule ; l’article premier indique que l’Islam est la religion du pays, et que ce fait ne peut être soumis à révision ; et, surtout, l’article 6 donne à l’État le rôle de protecteur de la religion.
Si les deux premiers principes existaient déjà dans les constitutions précédentes (en fait assez communs des constitutions des pays arabo-musulmans), en revanche l’article 6 est une nouveauté, issu des débats de l’Assemblée constituante révolutionnaire (plutôt ultra réactionnaire et obscurantiste) et adopté 2014.
Cette "chasse aux non-jeûneurs" est aussi pratiquée depuis plusieurs années par un prédicateur religieux, un "cheikh-bourricot", du nom d'Adel Almi, qui joue le rôle de "policier des mœurs". Adel Almi est aussi le fondateur du parti "Tounes Az-zaytouna". Sa "célébrité" vient des films qui le mettent en scène, où il tente de pénétrer dans les cafés pour filmer les clients avec l'intention de jeter l'opprobre sur eux, et les forcer ainsi à suivre la règle religieuse du jeûne. Le 30 mai dernier, accompagné d'un huissier, le prédicateur et chef du parti Tounes Az-zaytouna s'est vu refuser l'entrée d'un café. Vidéo.

Vous avez dit provocation, monsieur "le juge" ?


- C'est comme si, en France ou en Italie, on arrêtait des gens qui, le dimanche, au lieu d'assister à la messe dans l'église,  prenaient un pot dans un bistrot  !!
- Le fait que, dans les petites échoppes comme dans les Grands Magasins (Monoprix, Carrefour, etc.), au lieu de mettre une musique douce qui attire la clientèle, on vous vous assène des litanies salafistes aussi  tristes que démoralisantes, n'est-ce pas de la provocation ??
- Le fait que, dès 4 heures du matin, TOUS les hauts parleurs de TOUS les minarets se mettent à hurler à fond la caisse pour appeler à la prière 0,1 % de la population, n'est-ce pas de la provocation pour les 99,9% de la population ?  Cet affreux brouhaha assourdissant se répète CINQ fois par jour en semaine, et dure TOUTE la journée le vendredi !! 

Ces deux faits ci-dessus sont largement suffisants pour faire fuir le touriste européen le mieux disposé envers les Tunisiens ! Car s'il vient en Tunisie pour ses vacances, il n'appréciera pas un tintamarre, abscons pour lui, jour et nuit.
Pensez aussi que l'on peut l'arrêter aussi pour "provocation" parce qu'il boit de l'eau, mange ou fume en public, ou pour n'importe quel prétexte qui plairait aux barbus d'Allah....il vaut mieux passer ses vacances ailleurs.

Un couple d’artistes arrêtés à Sfax


Un couple d’artistes, Houssem Abed et Rihab Ghars, a été arrêté, vendredi 2 juin 2017, à Sfax, en possession d’une bouteille d’alcool dans leur voiture. Relâchés en fin de soirée, ils comparaîtront devant le juge mardi.

Des médias ont rapporté qu’ils ont été arrêtés dans leur voiture pour n’avoir pas observé le jeûne. Le  couple a indiqué que la police les a arrêtés après avoir découvert, dans leur voiture, une bouteille d’alcool… vide, bouteille qui est utilisée comme accessoire dans leur pièce théâtrale.

Plusieurs activistes des droits de l’homme se sont rendus au poste de police, accompagnés du président du bureau régional de Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) pour s’enquérir des circonstances de l’arrestation et des accusations portées contre le couple.
Tout en dénonçant une atteinte aux libertés individuelles, les activistes soutiennent le couple et appellent à manifester en masse, mardi, devant le tribunal de Sfax, pour soutenir Houssem Abed (professeur de théâtre) et Rihab Ghars (directrice d’un centre culturel), qu’ils décrivent comme un couple engagé dans le théâtre et la culture.
 
Étant entendu qu’aucune loi n’interdit de manger ou de boire en public pendant le Ramadan, il apparaît donc que les autorités judiciaires islamistes (justice scélérate) aient favorisé une interprétation délibérément religieuse du texte, entraînant une condamnation lourde et la privation de liberté.
L’appellation « État laïc », la primauté du droit et la liberté de conscience pourtant assurés par la constitution passent désormais au second plan.
Cette situation aurait-elle pu se produire sous Ben Ali, avant que l’Occident n’installe le parti islamiste Ennahdha au pouvoir par un coup d’état, baptisé « printemps arabe »? Certainement pas.
Ou bien, plus simplement, la Tunisie, présentée depuis toujours comme l’un des État arabes les plus émancipés, serait-elle en réalité plus soumise que « prévu » au fondamentalisme islamique ?
Hannibal GENSERIC