samedi 27 février 2016

SYRIE. Pour les russes : il n’y a pas de plan B, et il n’y en aura pas

Ah bah ça,  ça risque de faire des étincelles, c’est qu’ils y croient dans leur « plan B » qui mènera à la partition de la Syrie les étasuniens . (le plan A de cessez le feu n’est qu’une couverture pour donner à manger aux Russes, le véritable objectif est le plan B). Pour eux c’est même un genre de cadeau à la Russie, une solution de compromis,  car ça éviterait une confrontation frontale entre les 2 superpuissances aux intérêts opposés. En réalité ils lâchent du lest avec cette proposition … car personne ne perdrait vraiment la face et tout le monde aurait un bout de Syrie .  
On vient donc d’avoir la réponse des Russes, qui ne le voient pas de cet œil . Pas du tout . 

Maria Zakharova résume parfaitement dans quel état d’esprit sont les Russes : 
« D’une manière générale, je crois que nous sommes allés trop vite en disant que le  calendrier des Mayas avait tout faux [en annonçant la fin du monde]. Il se peut qu’ils aient eu raison parce que ce à quoi nous assistons en ce moment, ce sont des mouvements tectoniques dans les relations et sur la scène internationales. Cela ne concerne pas qu’une région, qu’un continent, c’est un mouvement global, une redistribution des forces dans le monde. Du moins, tout l’indique, et malheureusement la tendance ne fait que s’amplifier. »
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Le ministre russe des Affaires étrangères a exclu l’existence, présente ou future, d’un plan B concernant le règlement de la crise en Syrie, contrairement à ce qu’a commenté John Kerry, qui a prévu la partition de la Syrie en cas d’échec.
 
Commentaire : Les États-Unis mènent toujours leur politique diplomatique avec ambiguïté alors que les Russes sont très clairs dans leurs actions et leur paroles. Cette ambiguïté est aussi propice à la manipulation. Il faut constamment lire entre les lignes et observer les actions menées par les deux protagonistes. Les paroles ne sont pas suffisantes. Ce sont les faits qui comptent.

« On a tout dit sur ce plan B : il n’y en a pas, et il n’y en aura pas. Personne [ni la Russie, ni les États-Unis] ne l’envisage », a martelé Sergueï Lavrov, en répondant à la question des journalistes lui demandant de commenter la proposition des États-Unis sur les différents scénarios possibles pour l’avenir de la Syrie.
Le 22 février, les présidents russe et américain ont annoncé qu’un accord sur un plan de paix en Syrie avait été atteint. Le cessez-le-feu entre les troupes militaires syriennes et les groupes d’opposition entrera en vigueur le 27 février. Cependant, cet accord ne s’applique pas à l’État islamique et au Front al-Nosra. Vladimir Poutine a déclaré que ces organisations terroristes seraient prises pour cible jusqu’à leur anéantissement complet.

Le 23 février déjà, le secrétaire d’État John Kerry avait annoncé que les États-Unis discutaient d’un soi-disant plan de sauvegarde qui pourrait avoir des conséquences, notamment sur la fin de l’unité de la Syrie. « Si nous attendons plus longtemps, il risque d’être trop tard pour conserver l’unité de la Syrie », a-t-il déclaré devant la commission du Sénat américain. Dans ce plan alternatif, John Kerry n’a pas écarté le renforcement de l’engagement militaire américain en Syrie.
La Russie et la Syrie ont réagi négativement à cette proposition ambiguë. Ainsi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov a déclaré que Moscou ne prévoyait aucun plan alternatif.
« Nos partenaires occidentaux nous rendent perplexes, notamment les États-Unis, qui mentionnent l’existence d’une sorte de plan B », a-t-il indiqué. Quant à Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, il a déclaré que la priorité russe restait de « réaliser le plan, l’initiative exprimée par les deux présidents ».
Damas n’est pas non plus au courant du plan B américain, a déclaré une conseillère du président syrien Bachar el-Assad, Bouthaina Shaaban. «Je ne sais pas si ces déclarations ont été faites pour exercer une pression. De toute façon, aucune pression n’a besoin d’être exercée sur le gouvernement syrien, qui est d’accord avec l’initiative russo-américaine», a-t-elle dit.
RT, via SOTT

Syrie : « L’option B du gouvernement américain est une option bidon »

Comment le cessez-le-feu va-t-il fonctionner en Syrie ? Est-ce que la partition du pays est probable si l’on en croit le plan B américain ? Le géopolitologue franco-syrien Bassam Tahhan répond.
RT France : Toutes les conditions sont-elles réunies pour un cessez-le-feu en Syrie ?
Bassam Tahhan : Pour un véritable cessez-le-feu il faudrait d’abord que les Russes et les Américains se mettent d’accord sur une chose bien claire, c’est-à-dire que chacun campe sur ses positions sur le terrain. Il y a une chose qui n’a pas été relayée par les médias : au Nord-Est de la Syrie, les Américains ont aménagé près des champs pétrolifères syriens un petit aéroport. Ils l’ont élargi pour qu’il puisse accueillir des avions de combat. On peut donc supposer que, si les Américains entendent monter une base aérienne et militaire près des champs pétroliers, c’est sans doute en perspective du cas où les Russes investiraient Raqqa avec l’armée syrienne. Cela serait une victoire symbolique et en même temps très efficace pour le camp russe, l’Iran, l’Hezbollah, la Syrie, pour tout l’axe de résistance anti-américaine dans la région.
RT France : Pourquoi parle-t-on d’un cessez-le-feu aujourd’hui ?
B.T. : C’est peut-être pour éviter que Raqqa ne tombe entre les mains de l’armée syrienne et que les forces loyalistes demeurent sur ce qu’on appelle stupidement la Syrie « utile ». Car si l’on suppose que l’armée régulière syrienne et les Russes investissaient Raqqa, Daesh serait terrassé. Car il s’agit là de leur capitale symbolique – je dis bien symbolique, parce qu’aujourd’hui la vraie capitale de Daesh n’est plus Raqqa, mais Mossoul, en Irak.

Donc ce cessez-le-feu est beaucoup plus une trêve dans cette guerre – pas froide, mais disons tiède, et qui peut devenir très chaude – entre les deux superpuissances que sont la Russie et les Etats-Unis.

Ceux qui parlent de Syrie « utile » font vraiment preuve de bêtise. Parce que la Syrie utile n’est pas uniquement la côte syrienne, c’est aussi les champs de pétrole, les sites archéologiques qui se trouvent actuellement en grande partie derrière les frontières de Daesh, à savoir Palmyre, Sergiopolis dans le désert syrien entre Raqqa et Palmyre... une partie très riche en sites archéologiques. Ceci pour dire que ces analyses de Syrie « utile » sentent un peu le colonialisme, où on parlait toujours d’une partie utile. Cela montre à quel point les médias internationaux connaissent mal la réalité syrienne.

"Il serait difficile pour l’OTAN d’aider la Turquie et le royaume saoudien dans une agression contre la Syrie"

RT France : Comment peut-on observer le cessez-le-feu si le Front al-Nosra et Daesh n’en font pas partie ?
B.T. : Cela veut dire que la coalition internationale dirigée par les Américains continuera à fonctionner, tout comme l’alliance de la Russie, de Bagdad et de Damas. Mais il reste un petit problème : ce sont les Nations unies qui doivent proposer une liste d’autres groupes terroristes qui ne sont pas forcément sous l’enseigne du Front al-Nosra ou de Daesh. C’est là où le bât blesse, comme on dit, parce que le royaume saoudien va sûrement dire qu’il s’agit là de rebelles « modérés » – modérés comme les saoudiens, c’est-à-dire des coupeurs des têtes qui paient des milliards pour déstabiliser des pays-frères, musulmans ou arabes. Donc Jaysh al-Islam, l’armée de l’islam, Ansar al-Sham, les Défenseurs du Levant et j’en passe, tous ces gens-là sont bien loin d’être modérés. Mais malgré cela, on a pu remarquer que, dans la délégation de Riyad lors des négociations à Genève, ils figuraient parmi les négociateurs, et en tant que modérés ! Donc je crois que les Russes ont convaincu Bachar el-Assad que, pour le moment, il fallait être un peu plus patient pour libérer tout le territoire syrien, parce que les Russes savent que les Américains sont déjà ancrés à l’Est et qu’il leur serait difficile d’aller bombarder carrément les Américains. Mais, en contrepartie, les Russes ont également pu montrer à Bachar el-Assad que le projet d’envoi de forces turco-saoudiennes au sol est tombé à l’eau, parce qu’ils se feraient massacrer par leur aviation. L’OTAN réfléchirait deux fois plutôt qu’une avant de soutenir une telle entreprise au sol, car dans un tel cas la Turquie serait un pays agresseur. Il serait difficile pour l’OTAN d’aider la Turquie et l’Arabie saoudite dans une agression ouverte, au sol, contre la Syrie, alors, on ferme les yeux sur les bombardements qui viennent de derrière la ligne des frontières turques, frappant les Kurdes.

RT France : A quoi sert donc ce cessez-le-feu ?
B.T. : Cette trêve est d’abord utile au niveau diplomatique, afin de retarder des opérations militaires trop importantes et pour éviter un affrontement entre les Américains et les Russes. On sent que l’Armée syrienne avance jour après jour avec ses alliés, et, dans cette avancée spectaculaire, affaiblit la position de toute la coalition rebelle pour les négociations, car il est clair qu’Alep aujourd’hui est presque entièrement libérée. D’où la nécessité qu’il y ait un équilibre.
L’option B du gouvernement américain est une option bidon. Que peuvent-ils faire ? Ils ne vont pas bombarder le palais d’Assad alors qu’ils savent très bien qu’il y a des S-300 des S-400 et peut-être même des S-500 du côté russe.

Donc c’est un peu une sorte de tentative pour calmer le jeu, parce qu’il a eu assez de morts comme ça, et en même temps parce qu’il y a une vraie pression de la part des Européens - car s’il n’y a pas de trêve, les réfugiés s’accumuleront et inonderont jour après jour l’Europe. Et cela devient un vrai problème non pas que pour l’Europe, mais pour le monde entier. Car ils sont des millions, c’est la vague d’immigration la plus importante depuis la Deuxième Guerre mondiale ! Et cela, je crois que plus personne ne l’admet, car cela pose des problèmes à la Turquie, à l’Europe, aux pays arabes, à la Russie, aux Etats-Unis. Cela montre vraiment l’hypocrisie de tous ces pays qui, au début, voulaient les accueillir. On peut dire que le monde occidental, qui a voulu déstabiliser la Syrie et la détruire, selon les dires du général américain Wesley Clark, est en train aujourd’hui de récolter ce qu’il a semé.


RT France : Une partition de la Syrie dans de telles conditions profiterait-elle au pays ?
B.T. : La partition de la Syrie, je n’y crois pas. Parce que si vous commencez à découper la Syrie ou n’importe quel pays au monde, il faudra continuer à découper les autres pays voisins. Tous ces pays-là sont sortis de différents accords au début du siècle dernier, le traité de Sèvres, San Remo, Lausanne… A partir de là, on peut commencer à remettre en question la légitimité de tel ou tel royaume, l’application de tel ou tel traité... La Syrie serait le premier domino.

Bassam Tahhan
24 février 2016

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