samedi 13 février 2016

Droit des non musulmans en terre d'islam. La déclaration de Marrakech


Dans une déclaration de très haute importance, 300 responsables musulmans, venus de plus de 120 pays défendent publiquement les droits des minorités religieuses en terre d’Islam.

L’initiative est historique. À l’issue d’une conférence internationale qui s’est tenue du 25 au 27 janvier 2016 à Marrakech (Maroc), plus de 300 personnalités musulmanes, savants, intellectuels, responsables politiques venus de plus de 120 pays ont signé, mercredi 27 janvier, une déclaration de très haute importance, dans laquelle ils adoptent des mesures concrètes visant à protéger les droits de toutes « les minorités religieuses dans le monde islamique ». Étaient également présents à la conférence des représentants des gouvernements et responsables de diverses religions, notamment des communautés victimes de la persécution, à l’exemple des catholiques chaldéens d’Irak.
La déclaration, intitulée « Les Droits des minorités religieuses en terre à majorité musulmane – Directives légales et appel à l’action », ou plus simplement « La Déclaration de Marrakech », représente une synthèse des enquêtes et discussions menées au cours de la conférence, organisée par le Forum pour la promotion de la paix dans les sociétés musulmanes, une fondation basée aux Émirats Arabes Unis.
Le texte s’appuie sur le modèle de la Charte de Médine – sorte de contrat signé voici 1 400 ans entre les différents peuples et groupes religieux qui habitaient dans la région de Médine – comme base de référence pour garantir les droits fondamentaux. La Charte de Médine, attribuée au prophète Mahomet lui-même, est considérée comme la première Constitution écrite de l’Histoire.

Les grands principes de la Déclaration

Le document souligne que « la situation (des minorités religieuses) se détériore gravement dans différentes parties du monde islamique (…) en raison du recours à la violence et aux armes pour régler les différends et imposer des opinions ». Des « groupements criminels » se sont arrogés le droit de promouvoir des idées qui « dénaturent de façon choquante les préceptes et objectifs de l’Islam ».
« Il est inacceptable que la religion soit utilisée pour porter atteinte aux droits des minorités religieuses établies dans les pays musulmans », poursuivent les conférenciers. Ils demandent aux juristes et spécialistes musulmans de « développer une jurisprudence sur la notion de citoyenneté ».
Ils exhortent aussi les « institutions et les autorités éducatives musulmanes » à effectuer un examen des programmes d’enseignement afin d’identifier et de supprimer tout le matériel incitant à la « violence et à l’extrémisme », conduisant  » à la guerre ou au chaos », et entraînant la « destruction de nos sociétés partagées ».
« Les politiciens et décideurs politiques sont invités à prendre toutes les mesures nécessaires, poursuit le texte, pour garantir que les relations et l’entente mutuelle entre les différentes communautés religieuses (…) soient juridiquement protégées dans « l’ensemble du monde islamique ». Le document avertit contre “l’amnésie collective qui feint d’oublier les siècles de coexistence collective et de partage vécus sur un même sol ».
Le cardinal Theodore E. McCarrick, archevêque émérite de Washington et membre de la délégation envoyée à la conférence, a commenté :
« Ce fut un grand privilège d’être présent et de pouvoir entendre cette déclaration dans sa version définitive. Il s’agit véritablement d’un document de la plus grande importance, qui exercera une influence sur notre temps présent et notre histoire future. Je remercie tous ceux qui ont concouru à sa rédaction et je remercie Dieu de leur avoir donné le courage nécessaire pour mener à bien cette initiative. »

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