mardi 14 octobre 2014

Algérie - Libye : quand les « experts » pédalent dans le couscous


Il y a trois ans, à en croire les « analyses » qui sévissaient dans la presse, L'Algérie, la Libye et les « analystes », par Ahmed Halfaoui d’ici et d’ailleurs, l’Algérie était tout sauf en phase avec la « révolution » en Libye. A cause de son refus de soutenir les « révolutionnaires » libyens, c'est-à-dire les bombardiers de l’OTAN et l'assassinat de Khadafi, elle avait la pire des positions sur la question.
Une position qui la mettait au ban des nations. Jugeons-en. Le 1er septembre 2011, sollicité par le Journal du Dimanche (JDD), pour sa perspicacité supposée, Luis Martinez, spécialiste du Maghreb et directeur de recherches à Sciences Po, y va de cette conclusion : « l'Algérie a parié sur l'échec de l'opération de l'Otan en Lybie, considérant, à tort, que la France et le Royaume-Uni allaient se perdre dans les sables libyens et que Kadhafi resterait très longtemps au pouvoir. Elle pensait qu'au final on appellerait l'Algérie pour devenir le pays médiateur pour sortir la Libye et l'Otan de cette situation d'impasse. Mais cela n'a pas été le cas ». Il a eu raison, juste le temps que la réalité rattrape l’OTAN. 
Plus loin, le JDD voulait savoir si l’Algérie était isolée. M. Martinez est non seulement affirmatif mais considère que c’est « un pays qui soulève davantage d'interrogation et d'inquiétudes que d'espoir et d'opportunités ». S’il s’est relu, ces jours-ci, il doit, au moins, souhaiter que personne ne relise, comme lui, ce qu’il a dit. 
Et il n’est pas le seul.
Juste la veille, le 31 août 2011, dans Libération, pour Josée Garçon, une « spécialiste » notoire de l’Algérie, le « pouvoir algérien »  fait « figure de dinosaure dans une Afrique du Nord en marche vers les libertés ». On ne sait pas ce qu’elle pense, aujourd’hui, de cette marche. 
Le 18 septembre 2011, cité par le site marocain aufait.ma, un ancien ministre de la culture, Abdelaziz Rahabi, qui, sûr de son fait et du haut d’une compétence dont il est difficile de trouver les références, avait déclaré que « l’autorité de décision en Algérie a fait preuve d’amateurisme affligeant sur la Libye » et qu’ « en attendant, nous avons beaucoup à apprendre des différentes expériences du réveil arabe ». 
A contrario, loin de ces « analyses » ampoulées ou boursouflées, le 27 août 2011, Henry Ensher, ambassadeur des Etats-Unis à Alger, qui savait de quoi il retournait et pour qui les mots ont une certaine valeur, a été plutôt pragmatique en disant : « nous respectons beaucoup le rôle de l'Algérie dans cette crise et nous savons que l'Algérie est dans une position très difficile car la Libye est un pays voisin ».  
Le 09 octobre 2014, le ministre algérien, délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a accueilli, à Alger, Deborah Jones, envoyée spéciale des Etats-Unis, ainsi que Jonathan Powell, l’envoyé spécial du Premier ministre britannique pour la Libye. Avec les mêmes mots, tous les deux ont déclaré : «nous partageons la même approche que l’Algérie pour la résolution de la crise libyenne». La veille Bernardino M. Leoni, l’envoyé spécial des Nations-Unies pour la Libye, avait dit que l’initiative algérienne est «la meilleure pour une solution en Libye». 
Et maintenant, que dire ? 
Ahmed.Halfaoui

La France veut écouter les djihadistes au Maghreb…mais surtout l’Algérie



Le « renseignement humain » étant de plus en plus difficile à obtenir, c'est-à-dire l’entretien d’un réseau d’informateurs et d’espions capables d’informer le gouvernement français par le biais de la DGSE, le penchant naturel est de s’appuyer désormais sur la toute puissance de l’espionnage électronique. Maintenant que la « vraie » vie se passe sur Internet, les « réseaux sociaux » et au « smartphone », il suffit de voir et de lire en direct tout ce flux pour être informé par le menu. Reste à trouver les logiciels assez intelligents pour trier le renseignement recherché dans la masse du trafic… L’exemple donné par la NSA, l’agence US qui espionne toute la planète à commencer par Angela Merkel, est la voie que veulent suivre tous les services de renseignement du monde. En Europe, la logique voudrait qu’il y ait une mutualisation de ces systèmes d’écoute… mais la chose n’est pas envisageable avec des nations qui continuent de se livrer à une guerre sans armes.

Espionner l'Algérie

La DGSE vient de lancer l’idée d’écouter et de voir tout ce qui se diffuse de Benghazi à Casablanca et c’est le Figaro qui nous apprend cela. L’objectif était de dresser ces grandes oreilles dans le sud de la Tunisie. Position géographique idéale, sous prétexte de combat contre le djihad, pour espionner en priorité nos amis algériens. Par ses réserves financières, ses ressources énergétiques et ses structures militaires bien entrainées, l’Algérie est le noyau de l’Afrique du Nord, du Maroc à l’Égypte. Pour les espions français il y a urgence à savoir ce que préparent les responsables algériens, ceux de l’État et ceux des réseaux, surtout dans une période où la tête de l’État est des plus fragiles.
Par ailleurs, il est vrai que les djihadistes irrédentistes qui voyagent de la Libye au Nigéria seront plus aisément pistés par le sabre de l’électronique que par la parole des bergers du désert.
Est-ce la vertu retrouvée en période électorale ? La Tunisie, par la voix du lieutenant-colonel Belhassen Oueslti, porte parole de la Défense, a démenti tout projet de ce genre sur son territoire national « totalement souverain »… Ce qui fait rire tous ceux qui savent très exactement, à la frontière algéro-tunisienne, où se tient la base des forces spéciales américaines qui stationnent sans encombre sur la terre des fils de Bourguiba. Qui savent aussi que, de temps en temps, avec l’accord de Tunis, des militaires algériens passent outre l’ex-ligne Morice pour couper les barbes de djihadistes trop imprudents.
Outre « la souveraineté du territoire » avancée comme argument de refus, la Tunisie, ce qui est normal, a demandé à partager le résultat de cette cueillette des écoutes. Paris à dit non à ses oreilles coupées en deux … et le projet semble mort-né. Question : puisque le but de la France est de combattre l'islamisme radical, pourquoi les as de la « piscine » ne proposent-ils pas le même marché aux Algériens ? Eux aussi sentent l’harissa ?