samedi 21 juin 2014

La Guerre secrète de l’Algérie en Libye


C’est, depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, la plus grande opération extérieure menée par l’armée algérienne. Aucun officiel n’en a parlé et pourtant l’ANP serait, depuis le 29 mai, en guerre contre les groupes terroristes dans l’Ouest libyen.
Le jour même du début de l’offensive, le quotidien the Times donnait l’information, citant le think tank britannique The Henry Jackson Society, dont un haut responsable annonçait un envoi de forces spéciales américaines, françaises et algériennes dans le Sud libyen avec pour principal objectif l’élimination des terroristes d’AQMI, la destruction de leur infrastructure d’armement, de communication et d’entraînement dans la région.
 

L’alliance de circonstance entre l’Algérie, les Etats-Unis et la France à qui s’adjoignent le Tchad, probablement la Libye, mais surtout les forces du général Khalifa Haftar qui pilonnent la région de Benghazi, confirment l’encerclement des terroristes djihadistes dans le grand Sud libyen. Mokhtar Belmokhtar ayant été localisé par les services algériens à Tripoli, quelques semaines avant l’attaque de Tiguentourine, figure comme cible prioritaire pour les commandos algériens dans leurs opérations.Selon nos informations, de source militaire, 3500 paras, soit un régiment complet, et un groupe de soutien et d’appui logistique de 1500 hommes sont déployés actuellement de l’autre côté de la frontière. Une autre source, diplomatique cette fois, ajoute aux 5000 soldats au sol une importante mobilisation de moyens aériens, avions de transport, chasseurs, bombardiers, hélicoptères de transport et d’attaque, appareils de reconnaissance et drones, qui opèrent dans le ciel libyen.

Coordination


Il s’agirait du même régiment parachutiste ayant pris en charge l’opération  Scorpion Rapide, qui a pris d’assaut et libéré avec succès, en janvier 2013, le complexe gazier de Tiguentourine à In Amenas. Selon un haut gradé, la préparation de la mission et le regroupement des forces ont été réalisés la dernière semaine de mai. Privilégiant la flexibilité et la rapidité, les troupes envoyées sur place sont équipées d’armes légères et de véhicules 4×4 armés de mitrailleuses en 12.7 mm probablement appuyés par des blindés à roues BTR.

La puissance de feu réelle venant des airs, avec la couverture des hélicoptères lourds Mi24. Si l’article du Times confirme le haut degré de coordination qui existe entre les trois armées, le rôle des paras algériens consisterait plus spécifiquement à sécuriser la frontière, occuper les points de ravitaillement et couper toute retraite aux groupes qui tenteraient de fuir les combats à l’Est libyen. Pour dissuader ceux qui souhaiteraient les rejoindre du Sahel, l’armée tchadienne s’occupe de sécuriser la bande d’Aouzou et le Tibesti, ne laissant que peu de marge de manœuvre aux djihadistes. L’armée française aurait également fait appel aux éléments du Commandement des opérations spéciales dont un détachement est stationné au Niger : ils disposent de moyens de surveillance basés au Tchad et au Niger ainsi que d’hélicoptères d’attaque Tigre et des Caracal pour le transport.

Exercice interarmes


L’armée américaine, dont la force déployable n’est que de 5 à 800 hommes, basés en Espagne, reste dotée de moyens logistiques impressionnants dont des Hercules et V22 Osprey. Ces derniers traqueraient en ce moment même les groupes djihadistes dans le Sud libyen et sécuriseraient les sites pétroliers. L’objectif pour l’ANP : «nettoyer» les villes de Nallout et Zentan, proches de la frontière tunisienne, camps d’entraînement djihadistes, véritables plateformes pour l’envoi d’armes vers l’Algérie. Ils doivent ensuite pousser vers l’oasis de Sabha, véritable nœud logistique du désert libyen.

Selon une source militaire, toute cette opération a été «maladroitement camouflée» par l’état-major qui a organisé à la hâte un exercice interarmes aux confins du Sahara, le 28 mai passé, en bricolant même à une vitesse folle une émission de télévision où s’entremêlent des séquences d’archive à d’autres plus actuelles. La veille, le général Boualem Madi, patron de la direction centrale de l’information et de l’orientation au sein de l’ANP, déclarait sur les ondes d’Alger Chaîne III que «la situation aux frontières était préoccupante».
Akram Kharief
Source : elwatan.com -
 
 

Novembre 2013 : Les forces spéciales algériennes opèrent à l’intérieur de la Libye

Mais de plus en plus d’indications recueillies ont confirmé que, depuis 2013, des éléments du 4e Régiment des parachutistes de l’armée algérienne opèrent sur une profondeur de plus de 200 kilomètres à l’intérieur de la Libye.
20131110-161926.jpgIls ne sont pas les seuls. Outre ce Régiment basé à Ouargla (700 kilomètres au Sud d’Alger), des Snipers du GIS (Groupement d’intervention spécial) du DRS (Département du Renseignement et de la Sécurité) auraient mené des opérations en Libye.
Ces opérations sont menées avec l’aide de miliciens de la puissante tribu libyenne des Zenten, la mieux armée en Libye et celle qui détient Seif Al-Islam Khadafi, ainsi que les redoutables Warfalla demeurés toujours fidèles à l’ancien régime. Ces derniers tenaient alors la ville de Bani Walid.
Selon des documents russes, des armes chimiques et des quantités d’uranium sont laissées à l’abandon en Libye, suscitant la crainte de voir ces produits tomber entre les mains de milices ou pires d’organisations terroristes. D’autres informations crédibles faisaient également état de l’existence de camps d’entraînement pour des mercenaires visant l’Algérie et la Tunisie. Il semble que la menace ait été jugée assez sérieuse pour pousser l’armée algérienne à ordonner des frappes préventives en utilisant les forces spéciales.

Les services spéciaux algériens avaient alors mené plusieurs opérations à l’intérieur de la Libye dont une s’étant soldée par l’élimination de treize membres influents de groupes terroristes qui projetaient de s’en prendre aux installations pétrolières vitales de Hassi Messaoud en Algérie. Une autre opération aurait permis l’élimination du chef militaire de la milice de Misrata.

20131110-170256.jpgSi ces informations se confirment, l’Algérie aurait ainsi décidé de passer à l’action en dehors de ses frontières comme elle le fait en Tunisie où ses régiments d’hélicoptères d’attaque au sol ont prêté main forte à l’armée tunisienne contre les groupes terroristes à Ghardimaou et dans le gouvernorat de Jendouba, contredisant ainsi le discours officiel d’Alger selon lequel l’Algérie a pour principe sacro-saint de ne jamais envoyer de troupes en dehors de ses frontières.